mercredi 23 décembre 2009

Feu Père noël


"Dis, maman, je trouve çà bizarre que le père-Noël il vienne comme çà chez nous dans la nuit, parce que les portes sont fermées à clé et puis...
-Oui, ma chérie?
-Et puis on n'a même pas de cheminée!
-Qu'en penses-tu Lolinette?
-Ben que le père noël çà pourrait être les parents.
-...
-C'est çà, c'est çà hein, dis maman? C'est les parents?"
Le regard doux et bienveillant me fit comprendre que j'avais vu juste.
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A ce moment là, je ressentis -je m'en souviens encore- un mélange de fierté ( j'avais trouvé la clé de l'énigme toute seule) et un gros pincement au coeur... Un bout d'enfance qui s'en allait.
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Avez-vous gardé le souvenir de cette révélation?
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Je vous souhaite à tous un joyeux Noël, et pour finir l'année, ce clip souvenir des 80's: Simon, Paul, Georges, Bono et les autres.




samedi 19 décembre 2009

Et vint l'adolescence...

Au coeur des années 80, je vécus comme je pus ce qu'on appelle l'adolescence.
Pas facile tous les jours, surtout pour mes chers parents.
Mais au milieu de la crise pubertaire, il y avait la vie dans les eightie's.

  • J'avais troqué le cartable contre un sac US sur lequel je dessinais au marqueur indélébile les noms de mes groupes préférés.
  • Je passais mon BAFA et découvrais les fêtes des 5èmes services qui nous poussaient tous, animateurs idéalistes, jusqu'au bout de la nuit.
  • Je manifestais en chantant contre la réforme Devaquet, et je m'engageais dans les combats d'Harlem Désir et Marek Halter.
  • Libération titrait, un 19 juin, "C'est un mec, y meurt...", à cause d'un p... de camion.
  • Je donnais mon premier baiser sur une plage de l'Atlantique.
  • J'étais fan de Culture Club et me déguisais en Boy Georges le jour du persan.
  • J'adoptais les codes vestimentaires du mouvement New Wave, et me déhanchais mécaniquement dans une boîte branchée.
  • Je m'enfermais dans ma chambre au milieu des Fluide Glacial et des Rock and Folk qui traînaient un peu partout, épars, et je rêvais devant une affiche d"Outsiders" qui recouvrait le mur.
  • J'étais jeune, plutôt jolie, et évidemment, je me trouvais laide.

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jeudi 10 décembre 2009

Des tas de petits grelots qui savent rire

La première fois que je l'ai vu, c'était l'heure du chien-loup. Je ne distinguai pas la couleur de ses yeux, à peine les contours de son visage. Il semblait avoir cent ans, engouffré sous les draps blancs, ses membres comme désarticulés, et branché à des tuyaux.

Il m'apparut si petit.

On me murmura:"C'est l'oncle Edmond, il revient d'Amérique."
Il saisit son livre de chevet, qui devint bien plus tard le mien, et me fit signe de prendre place près de lui, une toute petite place sur les draps froissés.

Il me lut un extrait: "Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C'est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C'est mieux comme çà. Mon étoile, ce sera pour toi une des étoiles. Alors toutes les étoiles tu aimeras les regarder. Elles seront toutes tes amies.
[...] Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elle, puisque je rirai dans l'une d'elle, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras toi des étoiles qui savent rire! Et quand tu seras consolé (on se console toujours), tu seras content de m'avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme çà, pour le plaisir...Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel."

Il referma le livre et me fit un baiser sur le front. Il était déjà l'heure que je m'en aille.

Le lendemain on m'annonça que ma rencontre avec l'oncle Edmond aura été brève, puisqu'il était parti, paisiblement, au petit matin.
...
Aujourd'hui je pense souvent à l'oncle Edmond, et je regarde fréquemment le ciel où tant d'autres étoiles l'ont rejoint.
MES étoiles.

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mercredi 2 décembre 2009

A ne pas mettre sous les yeux d'un aérodromophobe


Au hasard d'une lecture, j'ai trouvé un passage qui n'a pas adouci, loin de là, ma phobie de l'avion ( que je prends quand même, il faut bien s'ouvrir au monde, mais merci Lexomyl!)

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Lorsque, sur les avions, les moteurs sont en panne, ce n'est pas la fin du vol. Les avions ne tombent pas du ciel comme des pierres. Ils continuent en vol plané, pendant une demi-heure à trois quarts d'heures quand il s'agit des énormes avions de ligne à plusieurs réacteurs, pour ne s'écraser qu'au moment où ils tentent d'atterrir. Les passagers ne s'aperçoivent de rien. Moteurs coupés, le vol ne donne pas une sensation différente de quand ils marchent. Cela fait moins de bruit, mais juste un peu moins: c'est l'air, fendu par la carlingue et les ailes, qui fait plus de bruit que les réacteurs. A un moment, par les hublots, la terre ou la mer apparaît dangereusement proche. Ou bien on passe un film, et stewarts et hôtesses ont baissé les rideaux. Peut-être les passagers trouvent-ils même ce vol un peu silencieux particulièrement agréable.


Extrait du Liseur , de B. Schlink.

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